Merveille de l'Occident
Le mont Saint-Michel atteint sa plus grande gloire sous la direction de Robert de Thorigny, élu abbé en 1154. Au siècle suivant, le roi de France Philippe Auguste, tout à sa joie d'avoir repris aux Anglais la Normandie, fait une grosse donation au monastère. Il s'ensuit la construction de remparts ainsi que de nouveaux bâtiments en style gothique au-dessus des précédents. C'est la « Merveille » dont la silhouette domine le mont (aumônerie, salle des hôtes, réfectoire, cellier, salle des chevaliers, cloître). Sa construction se déroule de 1211 à 1228.
Le monastère résistera aux Anglais pendant la guerre de Cent Ans, sous le règne de Charles VII. En décrépitude à la veille de la Révolution, il est bientôt transformé en prison d'État. C'est seulement en 1874 qu'il sera repris par l'administration des Monuments historiques (...).
Mont Saint-Michel
Mont Saint-Michel !
Qui ne connaît le nom de cette petite commune située aux confins de la Normandie (et non pas en Bretagne) ?
Cet îlot rocailleux, exposé aux vents violents venus de l'océan. Ce donjon, dominant cinq lieues alentour, résistant aux assauts du temps. Ce roc, tutélaire, par la grâce de l'archange.
Qui ne connait le Mont Saint-Michel ?
Pourtant, la surprise reste intacte, chaque fois que l'on redécouvre sa silhouette dans le lointain, posé au milieu des sables, tel un joyau dans son écrin. Citadelle, abbaye, prison, découvrez les secrets de ce village unique au monde.
Laissez-vous surprendre et suivez-moi pour une visite inoubliable au Mont Saint-Michel.
HISTOIRE du MONT SAINT-MICHEL
L'histoire du Mont Saint-Michel commence par une légende,
elle-même, étroitement liée à celle du Monte Gargano, dans les Pouilles (Italie) : Au début du VIIIe siècle, en 708, Aubert, évêque d'Avranches, suite à une apparition de l'archange Saint-Michel, reçoit l'ordre de construire un édifice dans lequel seraient loués les mérites de l'archange. Le pauvre évêque, croyant follir*, n'ose rien faire et décide d'attendre. Une seconde fois l'archange lui apparaît, et Aubert doute toujours. Mais à la troisième apparition de l'archange plus aucun doute ne subsiste à l'esprit de l'évêque, car Saint-Michel, furieux de ne point avoir été écouté laisse à Aubert une preuve de son pouvoir: dans le crâne de l'évêque apparaît un trou circulaire. Mais l'évêque ne doit pas trop en souffrir, car il ne mourra que des années plus tard. Aujourd'hui le crâne d'Aubert est conservé dans la basilique d'Avranches. Cette histoire est-elle vraie ou fausse? Personne ne peut apporter la preuve qui fera pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Quoi qu'il en soit, l'évêque certain que ces visions n'étaient point à mettre sur le compte de la folie, entreprend les travaux commandés par l'archange. Il fait construire un petit oratoire en forme de grotte pouvant contenir une centaine de personnes. Il ne reste rien de cette construction sauf un mur visible dans l'une des salles de l'abbaye (Notre Dame sous terre). En 709, construction d'une petite église par Aubert.
Le rocher côté ouest. Pendant deux siècles des chanoines accueilleront les pèlerins, mais au fil du temps, ils délaisseront leur mission. Las de cette chose, le duc de Normandie, Richard 1er, décide de remplacer les chanoines par des moines bénédictins, venus de l'abbaye de Saint-Wandrille. Cela se passe en 966. C'est cette année qui est retenue comme celle de la fondation de l'abbaye. Les bénédictins sont de grands bâtisseurs. Ils font construire une église et quelques bâtiments. Les pèlerins affluent, de plus en plus nombreux, et la renommée du Mont Saint-Michel ne tarde à être connue de par tout le royaume. Par temps de brouillard, de nombreux pèlerins se perdent sur les grèves et périssent noyés. De plus, les lises, sortes de sables mouvants, ensevelissent les imprudents qui s'aventurent dans la baie sans l'aide d'un guide. Le Mont est alors appelé Mont Saint-Michel au Péril de la Mer. Au pied de l'abbaye, une petite ville se construit. Les maisons, pour la plupart en bois, servent à accueillir les pèlerins. Dès le début du millénaire, le métier d'hôtelier existe donc au Mont Saint-Michel. Au sommet du rocher, les moines, quant à eux, ne perdent pas leur temps, grâce à de nombreux dons, ils bâtissent une vaste église et plusieurs bâtiments annexes : un réfectoire (lieu où les moines prennent leurs repas), un dortoir (lieu où ils dorment), une salle de travail, un promenoir (lieu de détente), une aumônerie (lieu où les pauvres sont reçus et reçoivent l'aumône qui consiste souvent en un léger repas).Quand le duc de Normandie Guillaume le Conquérant décide d'envahir l'Angleterre, il demande son aide à l'abbé du Mont. Celui-ci fait armer quatre bateaux. Après la victoire d'Hastings, Guillaume en signe de reconnaissance fera don de plusieurs territoires Anglais à l'abbaye. En un siècle, l'abbaye s'est considérablement enrichie et agrandie. Mais en ce début de XIIe siècle, les malheurs vont se succéder. En 1103, le côté nord de la nef de l'église s'effondre. Dix ans plus tard, un incendie se déclare dans une maison de la ville. Le feu se propage de maison en maison et finit par atteindre l'abbaye. Moins de vingt ans après cette catastrophe, un nouvel incendie enflamme de nouveau l'abbaye. Cette fois, s'en est trop pour les moines, qui se relâchent et ne font plus sérieusement leur office. Pourtant un homme parvient à lui seul à redonner à l'abbaye son éclat antérieur: Robert de Thorigny, élu abbé en 1154. Diplomate, il parvient à réconcilier le roi de France avec le duc de Normandie. Erudit, il acquiert un nombre important de livres (les livres à cette époque ont beaucoup de valeur) et en écrit quelques-uns. Bâtisseur, il fait construire plusieurs bâtiments, dont une plus vaste aumônerie, pour accueillir plus de pèlerins. A sa mort, l'abbé Robert de Thorigny laisse une abbaye plus puissante, plus riche et totalement revitalisée au niveau spirituel. Dès le début du XIIIe siècle, le duc de Normandie et le roi de France entrent en guerre. Les Bretons, alliés pour l'occasion au roi de France, montent une armée et marchent vers le Mont qu'ils enflamment. En 1204 la Normandie est rattachée au royaume de France.
Le roi de France, Philippe-Auguste, pour dédommager le monastère du préjudice causé par les Bretons, alloue une forte somme d'argent à l'abbaye. Cet argent est immédiatement investi dans la construction de la Merveille. La construction de ce bâtiment, sur un terrain aussi peu propice (le terrain est en pente), est un véritable tour de force. En 1228, le cloître, sommet de l'édifice, est achevé. Très peu d'évènements viendront marquer le reste du XIIIe siècle, les abbés se succèdent, tous apportent leur marque dans la construction du Mont : pour remplacer l'ancienne palissade en bois, des tours et des remparts sont construits, les logis abbatiaux sont également bâtis durant cette période. Au début du XIVe siècle commence la guerre dite, de Cent Ans. L'abbaye perd la totalité de ses revenus provenant de ses prieurés Anglais. En 1356, les Anglais s'emparent de Tombelaine et prennent pour cible le Mont Saint-Michel. Le chevalier Du Guesclin est nommé chef de la garnison du Mont. A la tête de ses troupes, il remporte victoire sur victoire et éloigne pour plusieurs années la menace Anglaise. Pierre le Roy est élu abbé en 1386, conscient du danger que représentent les Anglais, il décide de construire de nouvelles défenses pour l'entrée de l'abbaye. La tour Perrine, la tour des Corbins et plus particulièrement le Châtelet donnent à l'entrée du monastère une défense infranchissable. Les Anglais, après une période de répit, reprennent l'offensive et, après la défaite du roi de France à Azincourt, plus rien ne semble pouvoir les arrêter. Robert Jolivet le nouvel abbé, organise, grâce à de nombreux impôts, la construction des remparts afin de protéger la ville qui devient elle-même une protection pour l'abbaye. En homme prévoyant, il fait construire une citerne pour alimenter en eau douce les moines, les soldats et les habitants du Mont. Quand Rouen, capitale de la Normandie, tombe aux mains des Anglais, toute la région, sauf le Mont Saint-Michel, est occupée par les Anglais. Devant tant de puissance, l'abbé Robert Jolivet abandonne son monastère et propose ses services au roi d'Angleterre. En 1424, les Anglais assiègent le Mont, mais l'aide de l'abbé est inutile. Il a si bien conçu le système défensif de la ville que rien ne parvient à l'ébranler. Les Montois (nom donné aux habitants du Mont) parviennent même, par quelques attaques éclair, à décourager les Anglais. En 1425, après avoir subi une défaite plus cuisante que les autres, les Anglais se replient. Après cette victoire, malgré les menaces qui pèsent toujours sur la région, les pèlerins affluent au Mont pour rendre hommage a l'ultime défenseur du royaume : l'archange Saint-Michel. En 1433, un incendie ravage une partie de la ville, les Anglais, voulant profiter de cette occasion, regroupent leur armée et préparent l'attaque. En 1434, les Anglais se ruent sur le Mont Saint-Michel, une bataille sanglante s'en suit. Les Anglais parviennent à faire une brèche dans le rempart et pénètrent dans la ville, en criant déjà victoire. Heureusement, le capitaine du Mont réorganise ses troupes et contre-attaque si puissamment que les Anglais prennent la fuite, en abandonnant deux bombardes. La victoire des troupes Montoises redonne confiance aux armées Françaises et, sur tout le territoire, les Anglais reculent. La bataille de Formigny, en 1450 apportera finalement la paix à la Normandie.
Comme nous venons de le voir, Louis XI institua l'ordre des Chevaliers de Saint-Michel ! Ce roi, très pieux, se rendit quatre fois au Mont. Lors de son dernier passage, il demanda l'installation de la cage de fer. Le Mont Saint-Michel devient ainsi une prison. A partir de 1523, les moines n'élisent plus leur chef. C'est le roi, en personne, qui désigne le nouvel abbé : cela s'appelle la commende. Généralement, cet abbé n'est pas un ecclésiastique, et il se fait souvent nommer pour profiter des revenus de l'abbaye. Les moines, à partir de cette date, ne trouvent plus de motivation dans leur vie spirituelle et, bien que les pèlerins soient toujours aussi nombreux, ils délaissent l'abbaye. Les moines, qui furent jusqu'à soixante, sous la prélature de Robert de Thorigny, ne sont plus que treize, en 1580. En 1591, la menace, effrayante, de la guerre de religion se rapproche du Mont Saint-Michel. Les protestants veulent prendre l'abbaye. Sous les ordres de Montgomery, un groupe d'hommes se rapproche de nuit, jusqu'au pied de l'abbaye. Là, pensant obtenir l'aide d'un soldat ennemi, acheté quelques jours auparavant, ils attendent que celui-ci les hisse à l'intérieur de l'édifice. Et, de fait, les protestants se retrouvent bientôt à plus de quatre-vingts dans le monastère. Montgomery, étonné de n'entendre aucun bruit de bataille à l'intérieur, demande à l'un de ses plus fidèles soldats de monter. Arrivé dans le cellier, ne voyant aucun des siens, il comprend le stratagème et hurle pour prévenir son chef "Trahison, Trahison !" Entendant cela, les protestants s'enfuirent, laissant derrière eux quatre-vingt-dix- huit des leurs.
En 1594, la foudre tombe de nouveau sur le clocher de l'abbaye. La flèche est complètement détruite et une partie de la charpente de l'église est réduite en cendre. L'abbé refuse de faire entreprendre les réparations, ce n'est que quinze ans plus tard que clocher est reconstruit. Les abbés qui se désintéressent de leur abbaye, les pèlerins qui viennent moins nombreux, et la lassitude des moines sont les causes d'un grand bouleversement au Mont. En 1622, les moines sont remplacés par neuf moines Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur (des Mauristes). Ces religieux, sont extrêmement cultivés. Désirant faire partager leur savoir, ils ouvrent une école où une dizaine d'élèves suivent des cours. Malheureusement, les Mauristes sont de piètres bâtisseurs. Au lieu de réparer les trois travées de la nef de l'église, qui menaçaient de s'effondrer, ils les démolissent. A la place du trou laissé, ils construisent une façade d'un style plutôt laid.
Le Mont
au soleil couchant.
L'élan apporté par les Mauristes sera de courte durée, car, le système de la commende ruine l'abbaye. Les revenus du monastère s'effondrent, et les moines s'endettent. La précarité de l'abbaye est grande, la Révolution achève sa ruine. En 1790, les moines sont chassés de l'abbaye. Tous les biens sont vendus en 1792. Avec la Révolution, le Mont Saint-Michel devient une véritable prison. A partir de 1792, trois cents prêtres sont enfermés dans les murs de l'abbaye. Ils seront libérés en 1799. A leurs suites seront internés des forçats. Toutes les salles de l'abbaye sont transformées en ateliers. Les prisonniers seront jusqu'à sept cents à travailler dans ces pièces. Aussi, pour augmenter la surface utilisable, un plancher sépare l'église abbatiale. L'administration pénitentiaire délaisse totalement l'entretien des bâtiments et, en 1817, l'ancienne hôtellerie, bâtie durant le règne de Robert de Thorigny, s'effondre.
En 1834, un incendie se déclare dans l'église abbatiale, transformée en atelier à chapeaux. La toiture est détruite et les travaux de réparations sont trop modestes, par rapport à l'ampleur des dégâts. Chaque jour, l'abbaye s'enlaidit un peu plus. Heureusement, des hommes célèbres, principalement des écrivains (Hugo, Flaubert... ), affligés par un tel désastre, font pression sur le gouvernement. Enfin, en 1863 la prison est supprimée. L'abbaye est louée à l'évêque de Coutances. Des moines habitent de nouveau l'abbaye. Les pèlerins reviennent animer le Mont Saint-Michel. Les hôtels, restaurants et magasins de souvenirs ouvrent de nouveau leurs portes à des visiteurs de plus en plus nombreux.
L'abbaye, qui menace ruine de toute part, est classée au registre des monuments historiques en 1874. Les moines sont de nouveau expulsés, mais cette fois pour une cause juste. L'architecte Edouard Corroyer est nommé pour entreprendre les travaux de restauration. C'est sa servante, Annette Poulard, qui est à l'origine de la fameuse omelette, toujours très prisée aujourd'hui. Les travaux de restaurations donnent au Mont Saint-Michel son apparence actuelle, quand, en 1898, la flèche est achevée. Lors de la célébration du millénaire du Mont, en 1966, des moines ont formé une petite communauté. Installés dans les logis abbatiaux, ils demeurent depuis à l'année sur l'îlot. La ville quant à elle accueille un flot constant de visiteurs, 3 millions par an, et c'est aussi un peu grâce à cela que le Mont Saint-Michel est aujourd'hui ce qu'il est. |
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